J’ai un jour de retard, JE SAIS. Vous ne m’en voulez pas trop j’espère ? Oui ou non, le décryptage du jour vous sera quand même servi ! Délicieuse coïncidence, les collections de ce quatrième jour sont de vraies pépites. Coperni exauce notre rêve inavoué de devenir la nouvelle Cassie ou Maddie d’Euphoria en se transformant en lycée US des 00’s. Le flegme sexy est de rigueur chez Saint Sernin, où quitter au pas de course son coup du soir se fait désormais avec style. Changement de décor chez Rick Owens, où le mystique s’immisce dans un brouillard propice aux rêves mode les plus fous. Isabel Marant ferme le bal avec une collection chaleureuse et solaire, à son image. Bref, je vous en dis plus juste en dessous !
Coperni
Définitivement un de mes coups de coeur de cette saison. Arnaud Vaillant et Sébastien Meyer ont réinterprété le vestiaire de l’adolescente en crise identitaire. But made it fashion. Et j’ai adoré. Parlons déjà du décor. Une piste nue, entourée de lockers plus qu’évocateurs. Le poste Instagram de la marque droppé J-1 nous avait mis la puce à l’oreille. Mais voir le fantasme d’un retour du teenage dream devenir réalité en a émoustillé plus d’un.e ! Côté looks, les mini-jupes (encore elles), cagoules, costumes d’écolière et tenues de bal de promo se succèdent.
Quelques allures plus matures sont également proposées, parce que les ados se sont toutes essayées à se grimer en grandes dames, un peu d’honnêteté ! Longs et larges manteaux de fourrure aux couleurs régressives, cuissardes en vinyle et robes tout en transparence ajoutent quelques années aux demoiselles. Amour absolu pour le look 30 où Lila Moss se pare d’une robe bleue bonbon, tout en échancrures et nouages. Spéciale dédicace à Maddie dans Euphoria ? Dans tous les cas, c’est une pièce ultra désirable qu’on retrouvera sûrement partout. Amour aussi pour le look 34, Bella est somptueuse dans cette robe transparente mi sexy/mi cute avec des petites roses carrément adorables. Une collection dans l’ère du temps, portée par les it-girls du moment. C’est ce qu’on appelle un combo plus que gagnant.
Ludovic de Saint Sernin
Bien que plus à l’aise avec les allures estivales, Saint Sernin souhaitait proposer cette année sa meilleure collection hivernale. En ce qui me concerne, je crois que c’est chose faite. Le créateur est sa propre muse pour cette collection automne-hiver. Par contre, oubliez quelconque volonté d’ego trip ou surdosage de narcissisme. L’idée était plutôt de réconcilier le Ludovic de tous les jours, inconnu du grand public, avec le Saint Sernin adulé et à la carrière prometteuse. Le créateur s’inspire donc de sa propre garde-robe. Des chemises oversize, qu’il porte lui-même au look 4. Des pantalons taille basse un brin sexy, comme au look 6. On y retrouve aussi la première déclinaison logotypée de la marque, le double SS formant un petit coeur strassé.
Saint Sernin n’oublie pas ses premiers amours pour les allures échancrées et un poil osées. Les marcels transparents, tops en crochet, motif python ou encore maillages métallisés sont donc de retour, même pour l’hiver. Pour rééquilibrer ces allures plutôt légères, on peut retrouver des longues robes col roulé ou des ensembles côtelés, comme aux looks 22 et 15. Ludovic de Saint Sernin propose une collection plus que personnelle. Une introspection passant du psychique au stylistique de la plus belle des façons.
Rick Owens
Croire et garder espoir : voici les deux mots-clés qui ont inspiré Monsieur Owens pour ce défilé. Il y avait indéniablement quelque chose de solennel. Sûrement à cause des encensoirs ou des diffuseurs de brouillard portés du bout des doigts par les mannequins. Une ambiance mystique non sans rappeler les intérieurs d’églises ou les cérémonies religieuses. Plutôt logique quand on sait que Rick Owens a été éduqué à la catholique, et ne s’en cache pas : « Penser et parler de la moralité à l’école toute la journée et étudier l’interprétation de la Bible en noir et blanc de Cecil B. DeMille dans les années 1930, en Art déco. C’est ce qui m’a formé. » Le créateur s’est donc nourri de son passé pour penser cette collection cérémonieuse, mais faussement pieuse.
Les allures paraissent spectrales et fantastiques, avec d’abord ces hautes épaules aux looks 2 et 11 par exemple, non sans rappeler la dernière collection Haute Couture de Viktor & Rolf. Les épaules sont aussi travaillées en largeur aux looks 29 et 40 sur des vestes et bombers, un peu à la Balmain. Si certaines silhouettes sont empruntées au style monacal, comme le look 1 avec un col haut et des manches capes, cette sobriété est contrebalancée par des couleurs pop. Le jaune poussin, orange ocre et le bleu-vert teintent de longues jupes tube et des vestes à empiècements courtes. Amour absolu pour la série de robes drapées à sequins, proposant une asymétrie et des volumes affaissés fort intéressants. Les cuissardes « mille pattes », tout en hauteur et douceur, valent également le détour. Du Rick Owens pur jus, bien exécuté et finalement assez grandiose. J’aime beaucoup.
Isabel Marant
Pour cette saison, Isabel Marant souhaite aller à l’essentiel. C’est d’ailleurs une chanson des Blonde Redhead, rockeurs new-yorkais, qui l’a inspirée : « Il y a une vieille chanson d’eux qui m’inspirait vraiment, c’est cette ballade, « Cat on Tin Roof » », explique-t-elle. En ces temps difficiles, la créatrice veut choyer la femme Marant, ne pas se prendre la tête, toucher du doigt une forme de simplicité. « Pour moi, cette saison portait sur cette ballade d’une fille, elle va vraiment à l’essentiel, elle porte une robe en tricot avec un énorme manteau par-dessus. Je voulais faire quelque chose de très évident et très douillet, et facile à porter, tout en étant naïvement sexy. Elle est très discrète et en même temps très puissante.«
Détendue et un brin plus froide, cette collection est en accord avec la prose de Marant. Les matières techniques, de cuir, de laine mohair et de tissus irisés se teintent d’orange sanguine et ocre, de bleu métallique et rose percutant. On ne peut louper le come-back de la salopette, en cuir marron ou noir au look 29 sur Bella. Loin du bleu de travail, cette pièce devient armure et confère une aura charismatique aux mannequins. Les cuissardes XXL suivent cet élan chargé en puissance, déclinées en beige, noir ou encore bleu lamé, plus ou moins galbées. Amour aussi pour le pull porté par la créatrice, hommage attendrissant porté à la population ukrainienne. La femme Marant était donc une bohème protégée du froid, non sans perdre son je ne sais quoi, entre flegme et sexytude inavouée. Charmant !
Day 4 de la PFW, on y est ! On se retrouve demain pour de nouveaux décryptages ✨ Et si vous avez loupé le Day 3, n’hésitez pas à découvrir ce que Courrèges, The Row, Rochas & Balmain nous ont concocté !