Depuis jeudi 24 février 2022, aux alentours de 4 heures du matin, la Russie et l’Ukraine sont entrées en guerre, déclenchant alors un conflit armé majeur en Europe. Partout, la peur semble gagner et les différents pays européens tentent de s’organiser pour répondre à la violation du territoire ukrainien par la fédération de Russie. Nous avons décidé de comprendre ce qui se passait en reprenant depuis le début.
La chute de l’URSS et des tensions persistantes
Durant la Guerre Froide, l’Ukraine rejoint le bloc soviétique et devient un pays de l’URSS, sous la coupe de la Russie communiste. Elle prend son indépendance dans le sillage de la chute de l’URSS avec le traité de Minks en 1991. Ce dernier signe la dislocation de l’Union soviétique et la création des Etats indépendants. Néanmoins, dès le début de cette indépendance, l’Ukraine va se retrouver divisée entre les provinces pro-européennes (à l’ouest, proches de leurs voisines moldaves et roumaines) et pro-russes (à l’est, contre la frontière russe).

Les gouvernements se succédant oscillent entre la volonté de créer des liens solides auprès des instances européennes (comme le fera le président Viktor Iouchtchenko, entre 2005 et 2010) ou bien en affirmant une amitié renforcée avec le président russe, Vladimir Poutine (doctrine du président suivant de 2010 à 2014, Viktor Ianoukovytch). Ce dernier va transformer la politique de son pays et renforcer la position du président, s’octroyant davantage de pouvoirs, plus autoritaire et contrôlant qu’auparavant.
Des tensions politiques et sociales éclatent en Ukraine face à ces décisions contestées. En effet, le président Ianoukovytch, dès le début de son mandat, s’est rapproché de la fédération russe avec des mesures comme le prolongement du bail de l’occupation de la flotte russe en Crimée, balayant ses opposants pro-européens et montrant des signes d’hostilité contre les démarches envers l’Europe effectuées par son prédécesseur. En novembre 2013, le président ukrainien refuse de signer les accords de libre-échange proposés par Bruxelles depuis 2011. Il déclenche alors une guerre civile dont va se servir Vladimir Poutine pour abattre ses premières cartes.
La Crimée : premier enjeu vers le territoire ukrainien
Une guerre civile éclate : massivement, les Ukrainiens et Ukrainiennes se soulèvent. Ils refusent la coopération avec la Russie, les nouveaux pouvoirs pris par leur président et l’opposition à l’Union européenne. On appelle ce mouvement Euromaidan qui se traduira par de nombreuses manifestations pro-européennes dans tout le pays. Elles seront réprimées dans la violence mais mèneront à la destitution du président en place.
Mais va se déclencher la Guerre du Donbass en réaction avec ce rapprochement européen. Dans les grandes lignes, il s’agit d’un conflit hybride et toujours en cours que l’on considère comme une guerre russo-ukrainienne (russes et pro-russes à l’est d’un côté et ukrainiens de l’autre). Il mène à l’annexion des régions est de l’Ukraine par la Russie (le Donbass et la Crimée) et la sécession de la Crimée, suite à un référendum, désormais alliée russe.

La Russie s’est toujours montrée ferme quant à l’Ukraine; en effet, le président justifiera , entre autre, l’annexion de la Crimée par son refus de voir entrer l’Ukraine au sein de l’OTAN (l’organisation politico-miliatire mondiale). Or, il faut savoir que pour faire parti de cette organisation l’ensemble des membres doivent accepter la candidature. La France et l’Allemagne, depuis 2008, ne sont pas favorables à l’entrée de l’Ukraine au sein de l’OTAN, malgré la volonté du peuple ukrainien, empêchant le pays d’accéder à un siège. Cette menace est donc un prétexte supplémentaire pour le président russe.
La guerre en Ukraine aujourd’hui
Nous l’avons vu : les causes de la guerre qui se déroule actuellement sont nombreuses et complexes. La principale est la guerre qui déchire l’Ukraine et la Crimée depuis 2014. Les deux présidents, aux mandats qui suivront l’Euromaidan, renforceront leurs liens avec l’Europe, tout en tentant de ménager et de négocier avec la Russie. Volodymyr Zelensky, l’actuel chef du gouvernement, a d’ailleurs agi pour tenter de mettre fin au conflit dans le Donbass, dès 2019.
Mais alors, que s’est-il passé ? Depuis plusieurs semaines planait la possibilité d’une intervention militaire russe en Ukraine. En effet, depuis l’automne 2021, la Russie a renforcé sa présence sur les territoires annexés pour faire pression au pays. Il refuse de voir l’Ukraine entrer dans l’OTAN, chose qu’elle a réaffirmé. Mais au delà de cela, c’est l’émancipation de l’Ukraine vers une politique plus européenne et indépendante qui dérange Vladimir Poutine. Face à cela, il reconnaît alors l’indépendance des républiques séparatistes du Donbass, revenant sur les accords de Minks de 2014.

C’est donc dans la nuit du jeudi 24 février que Vladimir Poutine a lancé son offensive. Officiellement, il s’agit de dénazifier et de démilitariser le pays ainsi que de marquer son désaccord profond avec les politiques actuelles. Ajoutons à cela, des raisons militaires avec la poursuite et l’extension de la guerre de l’est. Les frappes effectuées par l’armée russe ont majoritairement visé des infrastructures militaires mais ont également touché des zones résidentielles.
Mais officieusement, d’autres enjeux pourraient être en cause. L’Ukraine est un pays aux nombreuses ressources : du pétrole, du fer et des métaux lourds peuplent le territoire. De plus, elle représente pas moins de 22% des terres arables (donc cultivables) en Europe. C’est un enjeu économique important pour la Russie qui pourrait motiver son offensive armée. De plus, on peut penser que Vladimir Poutine souhaite étendre son territoire, rétablissant une domination russe sur les pays que la Russie perdit à la chute de l’URSS…

La population face à la guerre
Au sein du pays, le président a appelé à la résistance et à faire front face à cet ennemi. L’armée ukrainienne a été déployée et veille à protéger des postes clefs comme les aéroports militaires. La population s’arme massivement pour mener, en cas d’attaque supplémentaire, une guérilla, prêts et prêtes à défendre leur pays, mais de nombreux ukrainiens fuient les villes touchées par les bombardements. Cependant, comme beaucoup de ceux qui ont choisi de rester, on se demande où vont-ils trouver refuge…
L’Allemagne et la Pologne ont fait savoir qu’elles se tiendraient prêtes à accueillir des réfugiés de guerre sur leur territoire.
De nombreux ukrainiens ont manifesté, notamment à Paris, devant les ambassades russes, appelant à la paix, tout comme des ONG comme l’UNICEF qui intensifie ses efforts pour protéger les civils et en particulier les enfants. Les russes se sont rassemblés également contre cette guerre à Moscou et Saint Petersbourg.
Des conséquences et des réponses à l’international
A l’international, les réactions ont été vives et immédiates. Si la Chine semble soutenir la Russie, comprenant son mouvement, elle a choisi de ne pas afficher un soutien franc et appelle à la retenue pour que la situation ne dégénère pas. Les pays européens ont évidemment condamné l’offensive russe, tout comme l’Australie, le Canada, la Corée du Sud, le Japon ou encore la Turquie.
Emmanuel Macron a affirmé sa volonté de soutenir et d’engager la France auprès de l’Ukraine. Il a tenté, en vain, de dialoguer, à la demande du président ukrainien, avec Vladimir Poutine, le sommant de cesser ses attaques. Le chef du gouvernement français se dit prêt à envoyer un soutien matériel à l’Ukraine avec des vivres et du matériel militaire. Néanmoins, la France ne peut intervenir militairement seule puisque membre de l’OTAN. Elle n’enverra donc pas de soldats sur le territoire en guerre.
Des pays ont déjà annoncé des mesures fortes prises contre la Russie, visant à l’isoler dans le paysage économique mondial et donc la fragiliser. De son côté, l’UE a voté des sanctions massives et sévères contre Moscou, ciblant les secteurs financiers, énergétiques et des transports. Les Etats-Unis et le Canada ont également fait part de leurs sanctions dans ce même sillage. Les mesures économiques visent les banques, des entreprises, des oligarques et d’autres personnalités russes. Un embargo se met en place sur le pétrole, l’interdiction certains échanges aériens, des importations supprimées ainsi que des restrictions technologiques et techniques.

L’OTAN, qui doit se réunir en urgence aujourd’hui, a activé ses plans de défense (Graduated Response Plans) mais ne prévoit pas l’envoi de troupes directement sur le territoire comme l’a affirmé Joe Biden, ce jeudi. Néanmoins, des forces militaires françaises vont être déployées dans des pays membres de l’OTAN voisins comme en Estonie ou en Roumanie. De plus, on peut s’attendre à une réponse militaire indirecte dans les prochains jours (?) suite à la réunion d’aujourd’hui qui devrait dévoiler le plan de l’OTAN pour faire face à cette guerre.
Cependant, Vladimir Poutine a mis en garde que toute offensive directe se verrait recevoir une réponse sans précédant, laissant à craindre la possibilité d’usage d’armes nucléaires. Hier soir, lors du journal de 20H, le ministre des affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, a tenu à rappeler que « Poutine doit comprendre que l’Otan est aussi une alliance nucléaire ».
Et aujourd’hui ?
A l’heure où nous écrivons, les russes contrôlent la centrale nucléaire de Tchernobyl et ont repris les bombardements au matin. Sans que nous puissions vérifier l’exactitude de ces dires, le gouvernement russe s’est vanté d’avoir détruit 74 postes militaires, dont des infrastructures comme des aéroports et des détecteurs de missiles. Les troupes ennemies avancent rapidement vers la capitale. On compte au moins 137 morts du côté ukrainien et peut-être plusieurs centaines du côté russe. Néanmoins, Moscou s’est dit prête à des négociations avec l’Ukraine, si cette dernière dépose les armes.

Ainsi la guerre en Ukraine, bouleversement géo-politique majeur de ce XXIème siècle, aura, sans nul doute, des conséquences en Europe mais aussi en Russie bien plus supérieures à ce que l’on peut imaginer. Certains craignent une troisième guerre mondiale. Bien que guerre totale, où tous les moyens sont utilisés, difficile encore de se prononcer sur un tel sujet…