Oye oye, oye amoureux.ses du vêtement, bienvenue pour le jour 2 de la Paris Fashion Week Haute-Couture Printemps-Été 2022 (oui c’est très long) ! Aujourd’hui, nous avons du bon monde. Chanel ouvre le bal, mais bat carrément de l’aile. Alexis Mabille suit le cortège avec une copie très correcte et Alexandre Vauthier ferme la marche avec une after-party fiévreuse et endiablée. Le menu est plus qu’alléchant, alors je ne vous fais pas plus attendre : on passe à table !
Chanel
Constat purement subjectif : je ne suis pas vraiment emballée. C’est déjà le cas depuis pas mal de temps avec Chanel, notamment avec le travail de Virginie Viard. Mes mots vont être durs, mais méritent d’être dits : cette collection s’apparente à une adolescente dans la tourmente. Elle se cherche, ne trouve pas sa route et finit par se perdre. Même ce maquillage au beurre noir concorde avec ce storytelling profondément déprimant. Ça manque cruellement de cohérence. Cette jeune fille veut déjà se prendre pour une grande, se grime en dame, mais se mémérise en passant.
La femme Chanel prend de l’âge, alors qu’elle devrait pétiller de vie. Les coupes sont longues, opaques, presque floues. Les lignes des silhouettes ne se perçoivent pas, la féminité a été oubliée sur un quai de gare (looks 17 et 26). Et même lorsqu’on essaie de la dévoiler par jeux de transparence, les allures non ajustées s’ornent de plis peu flatteurs qui désajustent les silhouettes (looks 29 et 32). Viard abuse du layering et des superpositions, à l’instar du look 19 où l’on voit seulement dépasser une jupe brodée qui m’a pourtant l’air somptueuse. Par pitié, allégez les allures. À ce niveau-là, c’est carrément de l’autosabotage. Mentions honorables pour le look 14, mix de tweed et dentelle plutôt intéressant, le 38 avec un one-shoulder inattendu, mais bien équilibré, et le 25 avec un joli ton citron et une sublime broderie marguerite malheureusement mal exploités à cause d’un problème de proportion, rendant la silhouette complètement illisible.
Virginie souhaitait apporter un ton « frais » à cette collection. Je crois qu’elle n’a pas vraiment transformé l’essai. Les deux choses que je préfère retenir : l’entrée de Charlotte Casiraghi sur son étalon, une image puissante, ainsi que le bouquet final de camélias bleus, un délicat hommage à notre cher Gaspard. Frissons. C’est déjà ça de pris.
Alexis Mabille
Douce, féminine, bien pensée. Intitulée « Désir », cette collection porte bien son nom. Avec des tons nude, noir, blanc, chaque look ressemble à un petit bonbon, une douceur exquise qu’on déguste pour réchauffer son cœur. On reconnaît le talent lorsque la haute couture paraît presque simple, confortable. Le créateur annonce donc la couleur dès la première silhouette, avec ce tombé d’épaule savamment négligé, où le travail de dentelle vient néanmoins rappeler l’exigence du savoir-faire couture. Amour pour cette boucle d’oreille papillon, référence à la nature et aux fleurs si chères à Mabille (on se rappelle notamment sa robe « femme-fleur » au col bordé de tulipes, divine). On le retrouve aussi décliné en bijou d’épaule au look 3, délicatesse infinie.
Tout est beau, ludique, printanier, magnifié. Le nœud se voit aussi accorder une place de choix, avec une référence on ne peut plus loquace au look 11, où ce dernier se décline à l’infini. Il se pare aussi d’or et d’argent pour former un plastron graphique simplement grandiose au look 13. Amour aussi pour le corset du look 23, avec une taille finement ajustée, où irisé et velours s’entremêlent. Une rencontre étonnante, fonctionnant parfaitement. Le message est clair : le style Mabille est méticuleux, précieux. Il nous propose aujourd’hui un petit bijou de collection, qui ne transpire pas d’originalité, certes, mais qui est exécuté à la perfection. Comme toujours.
Alexandre Vauthier
Merci Alexandre Vauthier de toujours nous insuffler l’envie de danser. C’était festif et flamboyant, donc forcément ça me parle. Vauthier nous en a carrément mis plein les yeux. Du vert d’eau, du rouge, de l’argent, de la plume, de la fourrure, du sequin, du volant : tout y était. Si le créateur voulait montrer sa maîtrise et son savoir-faire, le pari est plus que remporté. Notons tout de même le travail de tailoring incroyable au look 13. Cette veste aux épaules larges, taille étranglée, basques exagérées et double ourlet impeccable : chapeau bas.
On va partir sur un constat simple : je veux le look 4 dans ma garde-robe. Cette robe blanche immaculée, satinée et asymétrique, semble si légère qu’elle pourrait me transporter au paradis en aller-simple. D’un chic ! On ne fait pas mieux. Alerte coup de cœur pour les bottes du look 19. Full paillettes, imposantes, charismatiques, je suis catégorique : je m’y vois déjà dedans. Et le look 33, c’est le coup de foudre aussi. On peut tomber amoureux 3 fois ? Plus sérieusement, ce jeu de volume est d’une beauté, la taille bien cintrée vient rééquilibrer le tout, et ces plumes rajoutent un caractère plus que bienvenu. Et la cape du look 21, s’il vous plaît ! Elle me donne envie de rejoindre le côté obscur de la force, illico. Bref, c’était truculent, plein de vie, gorgé de joie. Une formule gagnante pour une maison qui ne cesse de recueillir les bons points. On continue comme ça M.Vauthier !
Day 2 de la PFW, on y est ! On se retrouve demain pour de nouveaux décryptages ✨ Et si vous avez loupé le Day 1, n’hésitez pas à découvrir ce que Schiaparelli, Dior & Azzaro nous ont concocté !
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