La créativité comme échappatoire : portrait d’une artiste marginale

En ces temps mouvementés, du fait de la situation sanitaire instable et oppressante, l’art sous toutes ses formes, ainsi que ces infimes possibilités, nous permet de voyager hors du confinement.

Curieuse et étant sans cesse à la recherche de la créativité à l’état pur, le travail de l’artiste indépendante et polyvalente Rebecca Terzic m’éclaire en ces temps sombres. Le pinceau à la main, elle lutte avec hargne, tout en observant d’un œil consterné l’émiettement des individualités. Oppression et déshumanisation sont les maîtres-mots guidant son travail.

« Je peins la pensée fluide, voguant sur les flots dans une tonalité du vague à l’âme vagabonde »

Rebecca Terzic, autoportrait, huile sur toile

Une culture solide et variée appuie les propos de la jeune artiste de 21 ans, qui est par ailleurs en 2ème année de licence histoire de l’art et archéologie. Elle aime la guitare et le piano, ainsi que la photographie et la peinture à l’huile. Le pastel, le collage et la sculpture font également partie intégrante de son travail. Un travail profond et réfléchi qui amène Rebecca à briller à travers un savoir-faire qui lui est propre. Ce regard quelque peu déphasé face à une réalité si brute nous laisse apercevoir un monde retranscrit d’une façon atypique et mélancolique.

De multiples et écliptiques références sont citées par l’artiste comme des citations de rap urbain : « La Terre tourne, j’me contourne, j’vois tout à l’envers » (PNL)

Rebecca Terzic, photographie

Elle me décrit avec passion sa pièce de travail qui dépeint son univers : « Imbibée de multiples atmosphères musicales : entraînée par la rythmique groove en Louisiane et le révolutionnaire reggae, basculant sur un enchaînement vif et saccadé de rap conscient, puis dans un grain de nostalgie bercée par le son folk bohème des années 70, consternée par le sombre et lucide rock de Kurt Cobain, pour finir transportée dans la mystérieuse amertume de l’instru de Pink Floyd. Sans oublier évidemment les chants de mon pays, la Serbie, qui résonnent ! »

Rebecca Terzic, photographie

Références et inspirations

La volonté de comprendre l’humain et son habitat est sans limites pour Rebecca. Certaines pensées engagées d’artistes, anthropologues, musiciens et cinéastes font écho à ses travaux.

Tout d’abord, les peintures de Paul Klee sont, d’après elle, des compositions musicales, à la recherche du point intraduisible. Pour appuyer son travail, elle citera par la suite le « Manifeste du surréalisme » d’André Breton. Ce dernier met en avant une écriture spontanée de la psyché qui reconnecte l’homme avec son intériorité à travers l’exploration de l’inconscient et du rêve.

Pour exprimer toutes ses pensées impalpables et pourtant bien présentes, divers matériaux sont utilisés. Par ailleurs, la réserve des arts est une bonne adresse où l’on peut trouver des trésors en tout genre.

Les thèmes abordés

Vouloir vivre

Rebecca Terzic, peinture à l’huile

Pour nous expliquer ses réalisations, elle nous amène à une réflexion personnelle tout en nous exposant les idées qui ont guidé sa pensée : « La morale de l’esclave met en évidence un homme domestiqué redoutant l’ennui : un intervalle qui lui semble creux entre les ballotements de ses désirs ».

Ironie du sort

Rebecca Terzic, pastels et collage

Face à ce tableau, elle me confie d’un air perplexe : « Je dessine mon impuissance face à ce dessein de rouille et d’os. Quand le dur labeur des uns produit le bonheur des autres. »

Théâtre de la vie publique

Rebecca Terzic, sculpture

Ce bougeoir, qui crée un jeu d’ombre et de lumière, intrigue. D’après l’artiste : « le masque déguise à sa guise, illusionne, mystifie, recouvre, et ce dans notre mascarade quotidienne, selon nos différents rôles à jouer. »

Temps, espace, matière

Rebecca Terzic, photographie

En explorant l’environnement qui l’entoure, elle tente en vain de pénétrer les murs par le biais de l’objectif : « Je prends les chemins de travers qui s’ouvrent à moi, et les lueurs des réverbères qui scintillent m’éclairent comme des bougies sur une carte ».

Rebecca Terzic, photographie

Elle se questionne d’un œil artistique : « Soulevée d’interrogations et ayant peur que le temps nous enferme, je pars l’appareil au cou dans cette tentative utopique de comprendre le cerveau des humains à travers ses créations les plus banales et démocratiques avec lesquelles il interagit en permanence. »

Rebecca Terzic, photographie

« J’observe les traces laissées sur le paysage urbain. »

Rebecca Terzic, photographie

L’ineffable

En essayant de comprendre le fond de sa pensée, elle en arrive à composer des tableaux aussi énigmatiques que remplis de codes et symboles dont elle seule a la clé. Elle développe son raisonnement en chuchotant : « Pression, émanation, vibration, brutalité. Et plus j’appuie sur la touche pour faire résonner la note, plus la musique m’emmène sous les couches de l’épiderme que j’essaye de fuir. »

Rebecca Terzic, huile sur bois

« Je choisis que les mots et la basse gronde à l’unisson

Qualifié de sauvage pour avoir le cœur vagabond

Je ne laisserai pas dormir mes rêves sur le paillasson »

« Les champs de roses », Danakil

Pour conclure, cette année de confinement a, pour certains ayant notamment l’instinct créatif, permis de développer et concrétiser des projets. Ces temps froids et confinés laissent place à l’imagination. Un retour sur soi-même est possible à travers la fibre artistique. L’art sous toutes ses formes peut être interprété de différentes façons. Twelve Magazine a ainsi décidé de vous dévoiler le regard subjectif de Rebecca, une artiste au potentiel à exploiter !

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